Peintre d’enseigne, artiste ou artisan ?
Un peintre d’enseigne bien à sa place… Dans la salle de réunion d’Exo Signs, le mobilier paraît au premier abord tout ce qu’il y a de plus classique – tables, chaises, tableaux, projecteur, ordinateur… Cependant, un œil attentif distinguera rapidement, sur un mur, un élément de décor particulier. Un tableau, discret et presque banal, témoin muet des débats qui animent quotidiennement notre espace d’échange et de diffusion d’information. Pourquoi donc a-t-il trouvé sa place, d’abord ici, et dans notre blog, ensuite ?
« Le peintre d’enseignes » d’Alonzo Perez
Le tableau est en fait une estampe (impression d’une gravure) reproduisant l’œuvre du peintre espagnol Mariano ALONSO PÉREZ Y VILLAGROSA. La scène du tableau se situe à Paris, comme c’est souvent le cas chez cet artiste, et nous sommes au début du XXe siècle. Nous y voyons un artisan installé devant la devanture d’un magasin. Sous le regard curieux et apparemment admiratif des promeneurs, le personnage exerce son métier débout sur une table en bois, nullement déconcerté de travailler en dehors, comme s’il n’avait pas besoin d’un atelier… Ses pots de peinture sont à proximité et c’est tout dont il a besoin pour confectionner une tableau haut en couleurs au dessus de l’entrée d’un commerce. Un tableau sur la façade d’un commerce ? Et bien oui, le peintre espagnol a pris comme sujet lui-même en train de peindre …une enseigne commerciale !
Par quel hasard ce tableau a-t-il trouvé sa place dans le local que chaque membre d’effectif d’ Exo Signs visite fréquemment ? C’est tout simplement lors d’une fouille au grenier de la maison des ancêtres d’un de nos dirigeants, que l’œuvre a été découverte. Grâce à l’inscription figurant en dessous de l’image (« Offert par les Magasins du Bazar de l’Hôtel de Ville ») nous savons qu’elle faisait partie d’une série de reproductions distribuées par BHV au début du siècle dernier.
Et que dire de la présence du tableau dans un local d’une entreprise d’enseignes ? Il s’agit bien d’un rappel, sinon hommage aux prémices d’une activité qui est la nôtre. C’est également un clin d’œil aux artistes qui continuent, de nos jours, de cultiver l’art de la réclame faite à la main. Créneau toujours en vogue d’ailleurs. Et non seulement à l’occasion des Fêtes de Noël, où nous voyons les vitrines s’orner de sapins et cotillons peints directement sur vitres. Un bref saut sur le web permet de s’apercevoir de la richesse et de la qualité des travaux des enseignistes manuels.
Peintre d’enseigne sur le web.
Nous vous conseillons spécialement l’extrait de la vidéo Sign Painters, montrant la passionnante activité des peintres en lettres actuels.
Et si l’envie vous prend de voir (de très près) la précision et la fougue du trait de pinceau publicitaire à l’œuvre, nous vous invitons à admirer le travail du performant autodidacte américain Glen Weisgerber, un vrai as dans la matière :
Il semblerait, en conclusion, que le questionnement du titre de cet article ne saurait avoir qu’une réponse : les deux, mon général ! Car, tout comme dans le passé, aujourd’hui également la synergie de la créativité et de l’approche artisanale sont indispensables pour aboutir à un résultat valable, esthétiquement et techniquement parlant. Et si notre activité est aujourd’hui largement soutenue par les avancées technologiques (aussi bien au niveau de la conception technique des enseignes que de la réalisation ) il ne serait pas sérieux de renoncer à la liberté de création au profit d’une recette technique universelle. Le caractère unique du geste manuel a encore de beaux jours devant lui, et le peintre d’enseigne d’un tableau vieux de plus d’un siècle nous le rappelle tous les jours.